« Papa n’aimait pas raconter. Papa aimait dessiner. Il a pris un album et le voilà, un bonhomme qui est apparu dans cet album.
– C’est moi! Tu veux monter sur mes épaules pour aller ensemble dans les Pays bleus?
– Je veux bien!
Alors papa a dessiné une petite fille assise sur l’épaule de l’homme… »
(extrait du livre de Anna Kardachova « Dans les Pays bleus avec papa »)
Rien que quelques lignes, mais nous sentons, tout comme la petite héroïne du livre, de l’amour, du soutien, de la force et de la sécurité… car papa est là.
Cela se passe de même dans le monde réel c’est par les dialogues, les jeux, le temps partagé que l’enfant éprouve du soutien et de la force s’il est en contact avec son père.
« Le livre est beau, mais en réalité les papas sont différents »…
D’un côté on voit des papas qui restent complices avec leurs enfants malgré la fatigue, le manque de temps, les conflits avec leur femme et des milliers d’autres raisons. De l’autre côté – il y a toutes ces histoires sur les forums, les réseaux sociaux, ou dans les entretiens privés qui sont remplies de douleur à cause de l’indifférence des pères à l’égard de l’éducation de leurs enfants.
Les paroles fréquentes, portées à l’automatisme, « laisse ton papa tranquille, il est fatigué », « papa n’a pas de temps », « papa a des affaires importantes », s’enracinent profondément dans plusieurs familles.
Et parfois il n’y a pas de papa. Du tout.
Dans ce cas la mère cherche évidemment à récompenser le manque de l’attention paternelle. Pourtant, c’est impossible.
Quel est le rôle principal du père dans l’éducation?
Papa – c’est la loi. Maman – c’est la source de vie.
On entend souvent les femmes regretter que les garçons d‘aujourd’hui manquent de l’éducation masculine, en conséquence du manque de l’éducation masculine, les hommes ne se comportent pas comme de vrais hommes. C’est la vérité absolue, mais est-ce que les femmes, elles, sont prêtes à une telle éducation, est-ce qu’elles se sentent en mesure d’accepter les normes compliquées de l’éducation virile, de l’éducation au masculin? Une femme ne peut pas faire un homme d’un garçon, c’est seulement l’homme qui peut le faire. Cependant, l’homme a une autre approche spécifique à l’éducation, différente à celle des femmes – une approche masculine. La femme, pourra-t-elle confier l’éducation de son enfant chéri (évidemment, fragile et vulnérable) à ces hommes rudes et impitoyables?
Un bon partage des rôles entre le père et la mère
Les rôles primordiaux des parents dans l’éducation des enfants doivent être précisément partagés. Maman – c’est la Source de vie. Le devoir et le rôle de la mère – c’est aimer, soigner, soutenir et chérir son enfant. Papa – c’est la Loi. Le père représente la société au sein de la famille, il établit les lois et les règles. Il peut et il doit évaluer, mettre des limites, appliquer les sanctions et les punitions.
Papa et maman parlent des façons différentes. Les hommes représentent plutôt la force, et, même s’ils sont parfois très doux et tendres, ils peuvent sans effort prononcer un mot de sorte qu’il soit tout de suite clair: cela doit être fait juste maintenant. Sinon… La parole de papa est toujours plus forte que celle de maman. La parole paternelle – c’est la Loi, la parole maternelle – c’est seulement une opinion de maman. Papa est en mesure de ne dire que “c’est interdit” ou “il le faut”, et ce sera suffit pour que tout soit fait.
La tâche de la mère, son devoir – c’est aimer, accepter l’enfant dans toutes les situations, l’accepter quel que soit son comportement. La tâche et le devoir du père – c’est ne pas violer ses ordres, ni la suite et le système des ordres, ni la logique (il doit expliquer). Veiller à ce que la mère suive également l’ordre et la loi.
Mais s’il n’y pas de père dans la famille – que faire?
Faites votre possible pour que l’enfant grandisse parmi les hommes puisque la femme n’est absolument pas capable de lui apprendre certaines activités masculines. La fonction du père est souvent remplie par d’autres hommes – grand-père, oncle, parfois même voisin. Cela arrive, d’ailleurs, dans les villages ou dans de petites villes. Le rôle du père peut être confié à toute personne du sexe masculin, à un proche, à une grand-mère (déjà vieille) qui ne soit pas considérée comme une femme, ou bien à tout homme de votre entourage.
Après la guerre, les hommes étant peu nombreux, c’était un balayeur qui pouvait devenir l’éducateur principal dans sa cour. On lui amenait ses enfants. Il les élevait, il leur expliquait ce qui était bien ou mal, il les punissait si c’était nécessaire.
Cependant, maman est également capable de faire beaucoup. En effet, la mère est parfois en mesure de donner à son fils un bon exemple d’un comportement viril, parfois elle peut bien l’élever de la façon masculine. Une femme sage est capable de changer ses rôles – un jour elle force son fils, l’autre jour elle le caresse et le troisième jour il peut être inscrit à une école militaire, il y a plein de variantes – vouloir c’est pouvoir!
Mais si papa ne se comporte pas comme un homme, et maman – ne le fait pas comme une femme?
Effectivement, dans le contexte actuel les fonctions du père et de la mère sont souvent délavées, confondues ou soulevées – surtout celles du père ce qui crée une situation bien désagréable. Il vaut mieux que les parents partagent les fonctions de l’amour et de la loi. Pourtant, si ces fonctions sont remplies par un seul parent, l’enfant le comprend avec plus de peine, les fonctions (une acceptation absolue et des limites) étant contraires dans leur réalisation. Le partage des fonctions fait moins peur à l’enfant et l’apaise dans sa nervosité.
Cependant, il n’y a rien de fatal, et dans une bonne famille où les parents sont capables d’être flexibles, ils peuvent changer de leurs rôles dans certaines situations. Et si c’était la mère qui a donné un ordre, c’est le père qui peut lui faciliter le jeu, embrasser les enfants et leur expliquer doucement que maman a raison et qu’il ne faut pas lui porter sur les nerfs. Le père peut être gai et amusant dans la famille, mais il importe que dans les cas sérieux les enfants comprennent bien quand les plaisanteries prennent leur fin. Il suffit normalement de changer l’expression du visage et la voix et de dire d’un ton grave: “Alors, je suis sérieux maintenant, on ne plaisante plus”. Tout le monde comprend: c’est assez, les plaisanteries, maintenant on suit l’ordre.
Dans le cas où le père de la famille ne se charge pas de ces fonctions, l’enfant existe dans le contexte des limites non fixées. Par conséquent, il ne peut que soit violer toutes les limites, soit “rester sur place” tout angoissé sans savoir où sont bien ces limites. Si c’est la mère qui établit la loi, l’enfant ne lui obéit pas et ne reçoit pas d’amour, en considérant toute sanction comme une punition injuste et infondée.
À la présence du père, la mère remplissant les fonctions de loi et d’ordre ne sera pas efficace. Il est naturel pour un enfant, garçon ou fille, d’obéir à un homme, ainsi tout père qui ne participe pas est meilleur qu’une mère qui participe d’une façon autoritaire.
Ce qui pourrait être bien embarrassant pour une mère dans le contexte de la culture familiale répandue de nos jours.
Évidemment, au cas échéant, la mère peut préalablement discuter les règles familiales avec le père. Mais c’est forcément le père qui doit les annoncer. La meilleure position féminine dans l’éducation d’un garçon – d’un homme, c’est le soutien de la position du père et de son principe d’éducation (bien sûr, à condition que cet homme soit présent dans la famille et qu’il soit adéquat).
Cédez la place au père!
Plusieurs spécialistes sont convaincus: une bonne mère doit permettre à l’homme de remplir pleinement ses fonctions. Pourtant, comment faire que son rôle ne passe pas au deuxième plan?
Aujourd’hui, il y a de plus en plus de femmes qui accouchent d’un bébé “pour elles”, sans mariage et au moment où elles le veulent. Et, bien que l’homme ait le droit de communiquer avec son enfant et de l’élever, la mère le lui refuse souvent.
Parfois, même si les parents habitent ensemble, le père ne participe presque pas à la vie de sa famille. D’une manière générale, ce père travaille beaucoup et les enfants le voient très rarement. Ils prennent l’idée de ce qui est un comportement masculin depuis leur mère, évidemment, cette idée n’étant pas précise. De l’autre côté il y a des familles où le père remplit toutes les fonctions maternelles. On dirait qu’un tel enfant se trouve entouré de deux mères – et de nouveau sans père, d’ailleurs. Cela ne joue pas un grand rôle pour un bébé de moins d’un an. Mais si la situation ne change jamais, l’idée d’un comportement masculin sera aussi déformée dans l’esprit de l’enfant. Les filles élevées sans pères ne savent pas parler aux jeunes hommes, et les garçons, eux, deviennent infantiles.
“L’enfant sans père ressemble à une maison sans toît” – dit une sagesse bouddhique. Les enfants ont besoin d’un père – n’importe s’il est avec eux ou non, s’il est bon ou mauvais ou même s’il est vivant ou qu’il est mort… La personnalité se forme dans les relations avec les deux parents. Papa peut ne pas être parfait, mais il doit obligatoirement prendre sa place dans la vie de l’enfant. Qu’est-ce qui l’empêche et comme y arriver?
Âge de paternité
Bébé
Par sa présence le père, dirait-on, “coupe le cordon ombilical” symbolique, tout en offrant à l’enfant la possibilité de se séparer de sa mère pour construire pas à pas son monde personnel.
Enfant
Le père conduit l’enfant dans l’inconnu, lui apprend à étudier ses capacités. Il l’introduit dans le monde qui ne compte pas toujours avec nos désirs, en détruisant ainsi une illusion de la puissance absolue de l’enfant.
Adolescent
Les relations avec le père jouent un rôle très important dans l’identification sexuelle de l’adolescent. Le garçon s’identifie avec son père ou s’oppose à lui; la fille, son père étant le premier homme qui la regarde avec amour et intérêt, s’assure de sa féminité.
Rompre l’équilibre
Permettre au père de contacter ses enfants à part entière – ce n’est pas la chose la plus évidente pour la plupart des mères. Pour certaines, la maternité est le seul domaine où elles puissent faire preuve de leur compétence absolue et épouver de l’estime en réponse. Voilà pourquoi elles rejettent involontairement ou critiquent toujours toute aide et toute participation de l’homme. Plusieurs d’entre elles sont absolument convaincues que la mère est la seule qui sache et qui sente ce qui est bien pour son enfant. Mais ce n’est pas le cas, évidemment. Le père offre à l’enfant son amour et sa chaleur, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’il se comporte de la même manière que la mère. Permettez-lui de le faire à sa façon.
« Une fois par semaine ma fille passe toute la journée avec son père, – dit Albina, 30 ans, mère de la petite Mariana de 2 ans. – D’abord j’étais très nerveuse: il oubliait de la faire manger à temps, il faisait des promenades pas le matin mais au moment où il le voulait. Cependant j’ai commencé à noter qu’après chaque journée « à papa » ma fille apprenait à faire quelque chose de nouveau: tourner du sucre dans le thé ou bien prononcer une lettre difficile. Et j’ai fini par me calmer et par faire plus de confiance à cet homme ».
S’impliquer tout de suite
Plusieurs pères modernes font vraiment leur mieux: ils suivent les cours préparatoires pour l’accouchement, ils sont présents pendant ce processus, il y en a même ceux qui aident leurs femmes à accoucher. Tout cela favorise la formation des liens de parenté avec le bébé. Pourtant pas tous les hommes sont prêts à aider à l’accouchement ou à habilement changer les couches. Ce n’est pas obligatoire, d’ailleurs. Tenir l’enfant sur ses bras, lui parler, jouer avec lui, le laver – cela suffit pour le mieux comprendre. Ce n’est pas important ce que l’homme fait, mais les sentiments et les émotions qu’il éprouve à ce moment. Le père a souvent besoin de soutien afin de maîtriser son nouveau rôle, de sentir que ses relations avec l’enfant ont une valeur particulière et ne sont pas considérées seulement comme une aide portée à une mère fatiguée.
Certaines femmes n’aiment pas voir le père avec un bébé « sur ses bras », elles croient qu’en ce moment il perd… de la virilité. « Peut-on dire: « Oh, tu as fait des nattes à ta fille avec tant de virilité! » ? – demande Peter, 32 ans, père de trois enfants. – Ma femme et moi, nous avons tout bonnement partagé nos soins des enfants, pourtant il n’y a rien de ce qu’elle fasse mais moi, ne s’en sois pas capable, exepté l’allaitement, évidemment ».
Savoir faire à sa façon
« Ma femme est sûre que je ne suis pas capable de comprendre les paroles du docteur à l’hôpital ni celles de l’institutrice de mon fils » – partage Michel, 36 ans. – En même temps, elle me reproche toujours de ne pas faire assez d’attention à la vie de notre enfant. Autrement dit, si j’ai de l’initiative, c’est à priori un échec, si je n’en ai pas, je suis égoïste et un père nul. Je ne comprends pas comment me débrouiller de cette situation ».
30% de répondants sont rassurés que le père peut se soigner des enfants uniquement avec le contrôle permanent et les conseils de la femme. Tout en attendant l’aide de leur mari, plusieurs femmes ne sont pas prêtes à lui partager entièrement leur responsabilité pour la vie de l’enfant. Il est plus d’usage de croire que l’homme ne comprendra rien, qu’il confondra et oubliera tout. Les traditions sont aussi fortes, tout comme « le soutien » des spécialistes. « Dites à votre femme qu’aujourd’hui Alex n’a pas dormi (n’a pas bien mangé, a cassé une petite voiture etc) » – disent toujours les enseignants à Gérard, 45 ans, quand il vient chercher son fils à l’école maternelle.
Pendant les visites d’un psychologue les mamans se plaignent souvent que leurs maris ne remplissent pas leurs fonctions paternelles. Mais une fois on étudie la situation de plus près, et l’on découvre que les femmes reprochent à leurs maris que ces derniers ne remplissent pas les fonctions directement précisées (par la mère). L’homme se sent utilisé en qualité d’une nounou embauchée; on n’y parle pas du partage de la responsabilité. Afin que le père se sente entièrement impliqué dans le processus de l’éducation, la femme doit accepter le fait qu’il a son point de vue à ce sujet et qu’il faut le tenir en compte.
Bon, pas idéal
Au début de sa vie familiale la femme considère souvent son mari comme un père idéal pour ses enfants. Et si son comportement ne correspond pas à ce qu’elle a imaginé, elle souffre d’une grande déception. Pourtant les modèles « d’un bon père » sont beaucoup plus nombreux que l’on ne le croit. Peut-être que le père ne sait vraiment pas habilement changer la couche à sa fille nouvelle-née, en revanche il sait parfaitement bien jouer avec son fils d’un an; il ne lit pas des livres à ses enfants, mais il leur parle des choses les plus importantes. « Un père idéal » – c’est une illusion aussi dangereuse que celle « d’une mère idéale » .Cela empêche la femme et l’homme de voir ce qui est le plus précieux dans chacun de nous quel que soit le rôle que nous recevons.
Un papa intervenant
Et si le père refuse de communiquer avec son enfant ou qu’il est trop loin d’être idéal? Certains pères avouent qu’ils perdent leur intérêt aux enfants après le divorce…
Le divorce – c’est une étape très pénible. Parfois, la façon la plus simple d’apaiser la douleur – c’est de se persuader que l’ancien conjoint était un monstre. Les mécanismes inconscients de dévalorisation se mettent alors en marche. À son insu, la mère fait beaucoup pour que le père sente une aliénation non seulement à son égard, mais aussi à l’égard des enfants, tout cela afin de pouvoir se prouver que son mari est une personne affreuse qui n’a pas besoin de ses enfants. L’homme vit des processus pareils dans son âme, il « dévalorise » également son ancienne femme et, avec elle, ses enfants.
Que faire alors?
Maman devrait bien se rappeler que c’est avec cet homme qu’elle a décidé un jour d’avoir des enfants – avec son ancien mari – par conséquent, il a quelque chose de bon. Cette idée l’aidera à séparer ses propres relations avec lui de celles de leur enfant commun avec son père qui ne peut jamais devenir « ancien papa ».
Et si le père disparaît absolument de la vie des enfants?
Ils doivent savoir quand même qu’il y avait leur père dans leur vie. Qu’il est une personne avec ses propres habitudes, qu’il aime manger des œufs le matin, par exemple, ou qu’il écoute du jazz, ou qu’il adore les voitures. Il ne faut pas avoir peur de parler aux enfants de leur père quel qu’il soit – il faut faire plus de confiance aux sentiments et à la raison des enfants, et leur permettre de prendre leur propre décision sur la personnalité de leur père.
Comment garder la communication dans le cas où le père et l’enfant habitent séparément et ne peuvent pas se voir souvent?
La distance ne fait pas de problèmes dans le cas où l’enfant sent la présence de papa à un niveau psychologique. Le téléphone – c’est un moyen parfait de garder les relations à condition que maman ne donne pas de commentaires à ce dialogue ni pose des tas de questions à l’enfant une fois qu’il a raccroché. Le père doit jouer son rôle particulier, et maman n’est pas tenue à devenir un médiateur entre le père et l’enfant.
Votre psychologue Tetyana Ochkur